Comme tout bon citoyen de Gorune, Kayhan a un physique que l’on pourrait qualifier de « hors-normes ». Des cheveux d’un bleu-gris profond, coupés mi-longs, encadrent son visage aux traits fins malgré les mœurs guerrières de la cité. Mœurs que l’on peut toutefois relever dans son regard rouge rubis, toujours très expressif et pétillant de joie de vivre et d’espièglerie. Son nez droit et aquilin surplombe des lèvres généreuses dont le sourire fait généralement naître de petites fossettes sur les joues du prince. Le reste de son corps, musclé sans trop l’être, en fait un être bien proportionné et avantagé par la Nature – ce dont il est parfois un peu trop conscient.

Lorsqu’il est nerveux ou indécis, il a l’habitude de se gratter le sourcil gauche, tic qui l’insupporte au plus haut point mais qu’il ne peut empêcher.

Niveau vestimentaire, il a par contre des goûts assez terre-à-terre. Il a horreur des vêtements de cérémonie même s’il les porte quand les circonstances l’exigent, mais pour lui, rien ne vaudra jamais un pantalon de cuir souple et un peu ample, accompagné d’une simple tunique de lin.

Enfin, il ne se sépare jamais d’un pendentif en forme de larme, rubis comme ses yeux, ayant jadis appartenu à sa défunte mère et monté sur une chaîne d’argent.

Kayhan ne partage pas le caractère expansionniste de son père. Il prend la vie comme elle vient, insouciant, et la croque à pleines dents. Un peu volage, il erre de branche en branche sans vraiment en trouver une à ses convenances où se poser. Il n’est pas rare qu’il esquive un quelconque devoir pour aller se promener incognito en ville, profiter de l’activité et taquiner l’humeur des gens du peuple, cherchant sûrement par là-même à retrouver l’ambiance artistique du cœur de Gorune.

Son tempérament est d’ailleurs source de conflit avec son père qui le juge trop insouciant et sûr de lui, voire même naïf quand il s’agit d’entrer en contact avec les habitants des autres villes de Xeiran. Et il est vrai que l’orgueil du prince le rend quelque peu vulnérable. Il se croit plus séduisant que quiconque, plus habile au maniement de la lame et plus fort au corps-à-corps que tout guerrier. Il n’est pas rare qu’il embellisse les faits pour se mettre en valeur mais cela n’en fait pas pour autant un mauvais bougre. Il mérite juste que quelqu’un le remette une bonne fois pour toute à sa place, mais ce n’est pas prêt d’arriver car cela signifierait déroger sévèrement à l’Etiquette – chose dont personne n’oserait prendre le risque.

Fêtard et toujours partant pour le moindre défi, il est quelqu’un de bon vivant et ne partage pas l’amertume et les ambitions de son père. Mais il a pourtant un gros point faible : il ne sait pas nager, ce qui est un comble pour un habitant d’une ville côtière. C’est pourquoi son « transfert » vers Naerim l’arrange bien plus qu’il ne le laisse entendre !

Gorune fut longtemps le cœur de Xeiran avant de perdre sa gloire au profit des autres cités naissantes. Pourtant, le roi s’est toujours accroché à ses rêves de grandeur, favorisant le commerce et l’Art sous toutes ses formes pour avantager Gorune et en faire un lieu à part, chose qu’il a partiellement réussie.

Ainsi, lorsque sa chère et tendre épouse mit au monde un vigoureux petit garçon, sa fierté bondit encore d’un cran et il se jura de tout faire pour que son héritier trône sur une cité prospère et vaillante. Malheureusement, si l’enfant vint au monde facilement et plein de vigueur, la reine perdit vite ses forces, victime d’une hémorragie incontrôlable, et s’éteignit peu après la naissance de l’enfant.

Kayhan grandit donc dans un climat assez singulier, son père étant partagé entre ses rêves de prestige pour sa progéniture et sa rancœur de lui avoir arraché son seul véritable amour. Pourtant, l’enfant ne se laissa jamais abattre, il était heureusement bien entouré par ses précepteurs et ses serviteurs qui ne le laissaient jamais tomber, quel que soit le caractère farfelu de ses projets. Il faisait au départ de son mieux pour répondre aux exigences de son père mais se rendit vite compte que quoi qu’il fasse, il ne serait jamais assez bien pour lui. C’est pourquoi il se détacha assez rapidement de lui pour se rapprocher d’avantage des gens communs qui avaient tendance à le mettre sur un piédestal dans l’espoir de s’attirer ses bonnes grâces – origine probable de son caractère orgueilleux et vaniteux.

Comme pour marquer cet éloignement naissant entre le roi et lui, ce premier envoya très tôt sa progéniture à Lestad où Kayhan apprit à s’ouvrir aux autres et à mettre un peu de côté l’ostracisme dont faisait preuve Gorune à l’égard des étrangers visitant la cité. Il apprit à devenir un jeune homme érudit mais sans négliger la condition physique qu’il lui fallait entretenir chaque jour naissant. Et lorsque son pouvoir de télépathie se manifesta, on délégua un jeune mage à son éducation, non pour développer ce don qu’ils jugeaient contraire à tous leurs enseignements mais pour lui apprendre à le réguler et à ne pas mettre son nez là où il ne fallait pas – chose qu’il faisait toutefois régulièrement, curieux et un peu rebelle de nature.

Quand il rentra à Gorune des années plus tard, ce fut à peine s’il reconnut son père dont le visage trahissait le poids des ans et des soucis. Il essaya et fit de son mieux pour s’attirer ses bonnes grâces mais il n’était jamais assez bien et convainquant aux yeux du monarque. Lassé d’entendre les mêmes reproches jour après jour, Kayhan finit par claquer la porte du château, se rendant à Naerim sous couvert de parfaire son éducation politique, mais ne cherchant en réalité qu’à mettre de la distance entre son père et lui. Mais en bon prince, il avait appris que conserver les apparences était vital et n’eut pas le cœur de rendre publics les torts de son géniteur qui, bien que froid et distant, avait toujours veillé à ce qu’il ne manque de rien…